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Le "grand débat national", un alibi pour noyer le poisson ?
Le 22 octobre, à la Préfecture de Région Midi-Pyrénées, Monsieur Essig, représentant du Gouvernement, Chargé de Mission pour l'organisation d'un débat national sur le risque industriel, a reçu les représentants qu'il estimait dignes de s'exprimer sur le sujet. Des tables-rondes se sont succédées : - avec les services de l'Etat ; - avec les élus - avec les industriels et les représentants de la Chambre de Commerce et d'Industrie - avec les syndicats et en dernier lieu, il nous a reçu nous, représentants au SPPPI de la population, membres d'associations pour la défense de l'environnement ou de collectifs et comités de quartiers ; nous étions cinq, qui représentions de fait la majorité des sinistrés et plus largement de la population concernée et touchée par le traitement de l'explosion de l'usine Grande-Paroisse-Atofina. Plus même, s'était glissé dans notre délégation le représentant du lobbye industriel, en la personne d'un professionnel de la "communication" travaillant actuellement pour SNPE-TOLOCHIMIE ; c'est dire à quel point les habitants risquent de compter pour peu dans ce fameux débat.
C'est ce qui nous a fait dire que le débat s'annonçait biaisé et inéquilibré ; cette impression s'est renforcée quand M. Essigue nous a renvoyé vers le Préfet, alors que nous lui demandions unanimement de prendre part au comité de pilotage chargé d'organiser le débat en Région.
Il est encore trop tôt pour savoir si ou non nous participerons à ce qui nous apparaît comme un dispositif d'intoxication visant à endormir l'opinion et faire repartir de plus belle nos usines destructrices, et nous contenter de choisir quelques bouc émissaires, organiser une procédure-guignol où comme d'habitude les vrais responsables ne figureront même pas, ajouter quelques lignes au code civil et à celui du travail, pour finalement continuer tranquillement à tuer, et menacer l'environnement de nos enfants.
Mais ce débat qui s'annonce nous appartient en définitive ; c'est nous toutes et tous de choisir la société dans laquelle nous voulons vivre et de déterminer quel habitat nous convient. Nous voulons que la responsabilité des élus, des pouvoirs publics et des exploitants fasse désormais l'objet d'un véritable dispositif pénal. Nous voulons que les modalités de poursuite d'activité des entreprises à risque, qu'elles appartiennent à l'Etat ou à des actionnaires privés, soient soumises à l'obligation d'information claire et à l'arbitrage direct des citoyennes et citoyens exposés aux dangers.
Nous voulons sortir du secret les pratiques des apprentis sorciers et des financiers et spéculateurs qui les exploitent. Nous voulons que la valeur de la vie humaine désormais ne soit plus l'objet de calculs marchands.
Nous voulons la fermeture définitive du Site Chimique de Toulouse-Sud. Nous voulons l'évacuation de tous les produits explosifs et mortels encore stockés en pleine agglomération. |