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Du 24 au 30 novembre, notre débat
à Toulouse, Place du Capitole


Invités par le gouvernement à débattre sur les risques industriels, nous avons voulu jouer le jeu même si nous étions choqués parce que la question posée n’était ni celle des responsabilités en cas d’accident industriel, ni celle de l’exclusion des habitants des choix qui mènent à ces catastrophes.

Nous avons même proposé de prendre part au comité de pilotage de l’organisation du débat officiel et formulé un certain nombre de demandes précises sur les questions qu’il nous semblait incontournable désormais de discuter dans l’ensemble de la communauté des habitants de l’agglomération. Passons sur les haut cris larmoyants des lobbies industriels, invitant à mener un débat aussi précipité dans la sérenité, alors que les victimes et les sinistrés se comptent par milliers, et que les crises de tous ordre pour les survivants sont loin d’être terminées... Mais à ce stade déjà de la préparation du débat, notre voix n’a pas été prise en considération. Aussi bien lors de l’assemblée plénière du Secrétariat Permanent à la Prévention des Problèmes Industriels du 7 novembre 2001, qu’au cours de la réunion restreinte du lundi suivant, une attention manifeste aux desiderata des industriels a prévalu et s’est imposée, et nous avons alors compris que ce débat officiel n’avait d’autre but que de tromper encore une fois la population.

Ce que préparent les pouvoirs publics, en effet, c’est une campagne de soutien aux industriels du pôle chimique entre autres, visant à flatter chez le citoyen une forme abrégée de responsabilité ; ce qui est recherché, c’est d’inciter les personnes à croire qu’en matière de technologie, seuls les experts peuvent donner un avis.

Mais qui sont ces experts dont on nous parle ? Ce sont des personnes qui gagnent leur pain des interventions publiques que les industriels organisent pour comme on dit "communiquer" avec la population : tables-rondes, colloques et autres portes ouvertes. Certes finement, leur activité consiste à s’efforcer de ménager l’intérêt des opérateurs qui les nourrissent. Et l’on voit mal en quoi ces positions exprimées, souvent dans un langage très particulier, devraient avoir plus d’influence que le refus obstiné des simples citoyens de devoir vivre en prenant des risques de mort pour leurs enfants comme pour eux, qui plus est sans garantie aucune et au contraire, que le monde qui en résulte devienne pour autant meilleur et plus sûr.

Ceci n’est qu’un avis, puisque nous invitons la population du 24 au 30 novembre à mener son débat, mais ne serait-il pas, à la lumière des évennements survenus à Toulouse depuis le 21 septembre 10 h 17, plus urgent et responsable de prendre une toute autre espèce de risque, à savoir celui de mettre vraiment en cause un système de société qu’on nous présente comme un modèle mondial, qu’on va même jusqu’à nous présenter comme le seul qui soit viable, et alors que nous venons tout juste de ressentir brutalement ce que ses promoteurs décrivent par le terme pudique de "dysfonctionnement" ?

Même si nous ne prétendrons pas comme le fait le gouvernement régler une question de fond en quelques jours ou semaines, cette question n’est-elle pas de déterminer si à choisir, le risque d’une véritable réorientation des priorités vers un monde à la fois moins gourmand, plus durable et moins toxique, vaut mieux qu’aménager une société qui certes nous apporte en quantité toutes sortes d’objets et de biens, mais le fait en détruisant des vies, en exposant les populations à des risques majeurs et en contaminant les territoires ?

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