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Le 21 septembre dernier, il ny a pas un seul dentre nous qui nait pas
crié après lexplosion dAZF : " plus jamais ça ! ".
Nous ne savions pas vraiment ce qui sétait passé ; mais ressurgissaient
dans nos esprits l impuissance de ceux qui avaient lutté un jour ou lautre
contre ce site, lirresponsabilité coupable de ceux qui fermaient les yeux
devant ce site dangereux, et enfin lignorance et linsouciance de la
majorité des riverains de ce site.
Mais pourquoi ce cri de « plus jamais ça »?
Parce que, en notre âme et conscience, nous ne pouvions pas accepter cette
folie qui na rien à voir avec le hasard. Dire que lagglomération
toulousaine est venue aux portes des usines est un fait.
Mais la faute à qui?
Et pourquoi ces usines ont-elles continué à grossir en toute impunité,
pourquoi nont-elles jamais prévu une explosion comme celle du 21 septembre?
En faisant fi de la vie des individus et en prenant les Toulousains pour
otages, cette folie sappelle la course au profit et au pouvoir.
Car cest bien cette course au profit qui a provoqué cette explosion. Profit
du groupe Total et de ses actionnaires qui ne sest jamais démenti, même
après la catastrophe. Profit des collectivités locales qui encaissaient les
taxes. Profit pour les sous traitants qui avaient une activité sur le site d
AZF. Profit électoral pour beaucoup de politiciens.
Face à cela les Toulousains navaient pas grand chose à faire valoir,
bâillonnés par les discours soporifiques et lénifiants des industriels et
des politiques qui brandissaient la menace de lemploi, limportance du
développement économique, le rôle indispensable de ces industries dans le
tissu industriel.
La seule consolation que nous avons après ce triste jour cest davoir évité
le pire en nayant pas eu un "effet domino" sur la SNPE et Tolochimie. En
effet cest seulement le hasard qui a voulu que les projections de ferraille
soient passées à côté des cuves de gaz toxiques et que le souffle de l
explosion se soit en grande partie étiré parallèlement à ces usines. Sil y
avait eu un dégagement toxique, jamais la population naurait pu être
confinée dans des habitations éventrées. Les dizaines de milliers de gens
qui erraient dans la rue, inquiets, désorientés, et livrés à eux-mêmes ont
potentiellement échappé à une autre catastrophe.
Nous sommes nombreux aussi à croire que le risque de "sur-accident" a
persisté des semaines après lexplosion. Les Toulousains ont été laissés
délibérément dans lignorance sans quaucune solution ne leur soit proposée.
Il faudra bien que les pouvoirs publics et les exploitants des usines
reconnaissent publiquement ce constat pour quun débat sengage
véritablement dans la confiance et la transparence des faits.
Dans une conférence de presse, les fédérations syndicales de la chimie
regrettaient que se tint un débat public et disaient vouloir « démythifier
laspect de dangerosité des industries chimiques ».
Le 21 septembre est-il déjà si loin pour rappeler quoutre les trente
personnes décédées, des gens ne marcheront plus (certains sont victimes d
hémiplégie), dautres ne verront plus ou nentendront plus ?
Des dizaines de mutilés (mains, membres, yeux), de sourds, daveugles vont
devoir réapprendre à vivre avec leur lourd handicap.
Dautres vont voir apparaître des problèmes de santé (physique ou mentale)
et des milliers de personnes seront suivies médicalement sur plusieurs
années pour surveiller les effets somatiques ( pulmonaires, ORL, ophtalmo,
fausses couches, etc.), les effets liés à lexposition aux produits toxiques
libérés dans latmosphère ( y compris amiante et métaux lourds présents
certainement dans ce nuage toxique dont on ne sait toujours pas de quoi il
était véritablement constitué; où sont les analyses? ), les effets
psychologiques (syndromes post-traumatiques, dépressions, décompensations
liées entre autres aux difficultés sociales et aux conditions de vie
dégradées après lexplosion).
Des gens par centaines se retrouvent sans logement, dautres par milliers
vivent dans des appartements détruits ou des maisons dévastées ; des
milliers dautres subissent les suites sociales de cette catastrophe telles
que : chômage technique, changement de travail ou de domicile, parfois de
ville, rupture de couples.
A cela sajoutent : les faillites de petites entreprises et de commerçants
qui nouvriront plus ; lavenir de la psychiatrie à Toulouse après la
destruction de lhôpital Marchant; le gâchis scolaire pour des milliers d
élèves ; le gâchis universitaire pour des milliers détudiants ; des lycées,
un collège, des écoles primaires et maternelles, une école supérieure de
chimie et une faculté à reconstruire.
Nous devons garder ce triste bilan à lesprit pour débattre sur lavenir du
pôle chimique de Toulouse.
Mais débattre de quoi si on ne sattaque pas à la racine du mal ?
Nous avons dans nos murs une industrie chimique moribonde ou tout au moins
très fragilisée par lexplosion qui ne vaut pas le tiers des quinze
milliards de francs que va coûter lexplosion dAZF. Ces entreprises
chimiques à hauts risques, classées Seveso, que sont AZF, SNPE et Tolochimie
ne pourront jamais nous assurer à 100% quun accident technologique majeur
ne peut pas se reproduire.
Et personne ne veut revivre de 21 septembre.
Le collectif « Plus jamais ça, ni ici ni ailleurs » exige donc, au nom de
tous les sinistrés, le démantèlement de tout le pôle chimique classé Seveso
du sud de Toulouse.
Nous nengagerons le débat quavec des citoyens responsables qui auront
répondu négativement à la question suivante : "En toute conscience,
êtes-vous prêts à sacrifier toute une population pour que des entreprises à
hauts risques, génératrices prévisibles dun futur accident technologique,
puissent continuer dexister dans la ville de Toulouse?"
Si débat il doit y avoir, cest sur les moyens que lEtat et nos
responsables politiques vont se donner pour que de telles entreprises à
hauts risques ne puissent plus sinstaller ou continuer dexister ni ici, ni
ailleurs, si elles doivent mettre en péril la population et si elles doivent
continuer de polluer à outrance.
Il ne sagira pas là dun « débat populiste et électoral » mais dune prise
de conscience au plus haut niveau pour donner priorité à la vie, à l
individu face aux risques que certains font prendre à dautres.
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