Ce dimanche 18 Novembre 2001.
A 11h30, visite de la SNPE en compagnie de mon fils. A lentrée, contrôle : carte didentité, passage au détecteur de métaux, badge, casque et masque à gaz distribués (au cas où !). La visite étant déjà commencée nous navons que la fin du petit film vidéo qui débutait la visite.
Notre guide SNPE sest voulu très rassurant, voir jovial tout au long de la visite... Sur la droite, de suite, les bâtiments : bureaux, fumoirs et cafétéria, tous démolis. Dailleurs tous les bâtiments sont détruits, partiellement ou complètement. Les fenêtres nont plus de vitrages, beaucoup de toits sont arrachés ou tordus. De nombreux points sont demeurés obscurs, nous sommes passés devant des endroits nayant pas droit à explication, par contre des réflexions du style : " vous voyez, les tuyaux, les cuves ont bien résisté " étaient fréquentes. On nous dit que le 21 Septembre la mise en sécurité a été faite après lexplosion, quil ny avait eu aucune alarme préventive. Il y a tellement de produits divers dans cette usine que je nai pas retenu les noms, je nai pas pris de notes jétais trop perturbée. Jai retenu que le carburant pour Ariane IV ne se fabrique plus ici, quil nen reste plus. Par contre est prévu ou était prévu le carburant pour Ariane V. Le guide a bien insisté sur la résistance du pont qui relie AZF à SNPE construit aux normes antisismiques et qui na pas bougé. Au dessus de nous : le tuyau très mince dans lequel passe le phosgène et un fil vibrateur qui signale (ou doit signaler) toute perturbation. Il paraît que les mouettes et goélands le font vibrer... Des cuves, des tuyaux, il y en a partout, cest immense, angoissant, surdimensionnel.
Au loin Tolochimie éclairée. Aucun bâtiment na résisté à lexplosion, tous sont abîmés. "Mais nous pensons pouvoir redémarrer " a dit le guide à une question posée. Le 17 Novembre sur FR3 à lissue dune visite faite par un journaliste, lun des directeurs SNPE a déclaré :" il faudrait au moins 4 ans pour tout déménager et cela coûterait des milliards. " et alors ?
Devant le dépôt qui sert de cuisine cest à dire où sont nettoyés les fûts et containers vides qui doivent être impérativement désinfectes avant daller à la décharge ? ! Cest une infection. Se boucher le nez nest pas suffisant. Le guide nous explique que le Japon et de nombreux pays, livrés en produits... envoient ensuite leurs fûts vides ici, à Toulouse pour être nettoyés, eux ne peuvent le faire. Toulouse est la poubelle. Jai demandé au guide : "que se serait il passé si votre usine avait aussi explosé ?", il a dit : "je ne serais pas là aujourdhui, ni vous non plus sûrement !". Nous avons eu droit à la visite ( à lextérieur) du local aux cuves de phosgène, à demi enterrées, on en voit une partie, derrière des Plexiglas car les vitres du bâtiments avaient explosé. Jai demandé : " Ces cuves de phosgène sont elles vides ? " Réponse de notre guide " oui, bien sûr, il ne reste plus du tout de phosgène sur le site ! " . Jai posé deux fois la question, à deux endroits différents, la réponse fut la même : " il ny a plus dutout de phosgène à la SNPE ". Les autres personnes du groupe ricanaient de mes questions. Un monsieur même était fier de faire cette visite, privilégié, et disait quil ny avait pas de quoi salarmer, et en dire tant. ( il y a des cons partout !). Jai demandé où était évacué leau qui servait à nettoyer les fûts sales ; réponse :"elle est transformée ou pulvérisée", je ne sais plus. Mon fils me dit que le guide a répondu "elle est brûlée ?". Jai demandé " vous savez comme nous tous que le couloir aérien passe à la verticale du pôle chimique. Avez vous envisagé une catastrophe résultant du crash dun avion, cela sest produit, à Gonesse, New-York ? " (un gros monsieur a ricané). Réponse du guide :" depuis les attentats du 11 Septembre, il nous faut prendre de nouvelle mesures de protection contre les aéronefs ". Les avions eux, deux cents par jour environ, ne sont pas à craindre évidemment. Par endroits il y avait des bruits de soufflerie venant de certains dépôts. Cest normal cest pour le refroidissement des cheminées. "Cheminées super solides , double paroi, tout contrôle de gaz fait en permanence, une sécurité absolue".
Jai remarqué des tuyauteries qui passaient en lair qui étaient abîmées, défoncées, mais jen avais assez dêtre la seule à poser des questions et le guide me regardait de travers .Je me suis abstenue. Nous avons vu le bâtiment des produits pharmaceutiques, très endommagé. Le guide nous parle dénormes quantités de chlore un peu partout, il parle de tellement de substances dangereuses et diverses que je ne men souviens plus. Il faudrait y aller avec un dictaphone.
Suite à cette visite, il en résulte que la SNPE a beaucoup souffert, et quelle ferait bien daller se faire reconstruire ailleurs. Le guide nous a dit quil y avait des devis de faits pour la remise en état ! Il nous a montré aussi un endroit tout neuf, ensemble de tuyauteries à tout vent en extérieur sans bâtiment autour. On aurait dit Beaubourg. Il nous a fait remarquer que tout était intact bien que cela ne soit pas dans un bâtiment.
Il nous a dit quil venait juste dêtre construit, il navait encore jamais servi ! que cela avait coûté plus de 80.000.000 de francs. (80 Millions de Francs) Il rajouta que cétait dommage de devoir le laisser sans activité. Des tuyaux bleus, jaunes, blancs, sentant bon la peinture fraîche. Visite traumatisante.
Jai demandé aussi : "et tous ces camions qui traversent Toulouse la nuit pour aller à Matabiau et ensuite ces trains remplis de matières dangereuses nest ce pas inquiétant, tous les médias en parlent ? ". Réponse du guide : " et lorsque vous allez faire le plein à une station service, vous ne pensez pas que lessence est venue là toute seule, des camions ly ont amenée, le danger est partout ! ". Cétait censé me rassurer ! ? Jai remarqué aussi des clôtures neuves entre lAZF et la SNPE bordant le petit chemin qui sépare les deux usines et au-dessus duquel passe le fameux pont antisismique. Si ces clôtures sont neuves, cest quavant le 21 Septembre tout était dans un triste état et y passait qui y voulait ?
Une cuve vide comme celles qui servent à contenir le phosgène était exposée dehors, pour démonstration le guide a dit quelle pouvait résister à une explosion 300 fois supérieure à celle du 21 Septembre, et à une chute de 40 mètres de haut !
Jai demandé si Monsieur Jospin était venu visiter la SNPE. Le guide a répondu : "non, seulement lAZF ". Dommage !
Sur TLT à 19h30, le directeur de la SNPE à déclaré quil espérait bien faire redémarrer bientôt lusine !
FIN
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