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LA VISITE DE L'USINE GRANDE-PAROISSE-ATOFINA PAR DES MEMBRES DU SPPPI LE VENDREDI 19 OCTOBRE 2001.

(avec transcription de l'enregistrement sur un dictaphone effectué durant cette visite et photographies de Jean-Pierre Bataille)
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André SAVALL -Président du SPPPI

José CAMBOU - UMINATE

Marie-Rose FRAYSSINET - UFCS

Henri FARRENY - Les Amis de la Terre

Jean-Pierre BATAILLE - Collectif « plus jamais ça, ni ici ni ailleurs »

François BOUDIN - Préfecture 31 (SIRACEDPC)

Pierre LABEYRIE - UMINATE

Alain BARAFORT- DRIRE

Serge BIECHLIN-Directeur Grande-Paroisse-Atofina

Jean-Claude GELBER - Atofina

Philippe MASSON - Collectif « plus jamais ça, ni ici ni ailleurs »

Jacques BADAROUX - Atofina

La visite est convoquée pour 10 heures, nous arrivons les uns après les autres ; le représentant du Prefet est déjà présent dans l'enceinte : le Préfet lui-même fait un petit tour avant nous, accompagné par des techniciens de la Drire : il nous salue en sortant. Nous entrons enfin, nous mettons des casques, posés sur une table devant l'une des nombreuses barraques de chantier disposées depuis la catastrophe. On voit les bâtiments administratifs de l'usine ravagée. M. Biechlin, Directeur de l'usine, évoque une secrétaire stagiaire tuée dans ce bâtiment au moment de l'explosion.


Comme pour penser à autre chose, il minimise les dégâts en exprimant qu'il y aurait pu y avoir plus de victimes, à en juger par l'état du bâtiment.

Nous marchons vers l'espace central du site où circulent les véhicules routiers et ferrés d'un boût à l'autre de la plate-forme. Des engins de déblayages font un bruit assourdissant, il y a beaucoup de vent ce matin là.


M. Biechlin J'étais capable de voir sur mon micro de voir quasiment les historiques de toutes les installations. L'ensemble a été saisi par la justice.

Notre groupe réuni, le Directeur de l'usine nous montre un groupe de sirènes fixé au droit d'un bâtiment central ravagé, sur un chassis métallique.


M. Biechlin Elle est remise en place. Alors, vous êtes quasiment au milieu de l'usine ; la zone Sud que je vous montrerai après, a quasiment été épargnée, et la zone nord, à partir de là fait que plus vous avancez, plus vous êtes en « état de guerre ».

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La sirène PPI que vous voyez là a été remontée mais elle est activée manuellement. Parce qu'évidemment elle était automatisée, donc elle est en état de marche et peut être déclenchée humainement depuis n'importe où. Le jour de l'explosion, c'est Tolochimie qui a mis la sirène, parce que personne ne savait ce qu'il pouvait faire ; c'était, c'était des montagnes de poussières, chacun croyait que c'était lui...

Nous passons devant un atelier, plus une seule huisserie, son aspect est celui, ravagé, d'un magasin de pièces détachées des années cinquante ou soixante.

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M. Biechlin En face vous avez les ateliers centraux où l'on ne peut pas pénétrer car ils ne sont pas sécurisés. Madame Cambou m'avait posé la question des différences de chiffres et vous voyez là des colonnes d'absorption qui ont été vidangées, et de dont le contenu ne figurait pas dans l'inventaire original fourni à la Drire.

Nous passons devant un tractopelle qui pousse des amas de ferrailles dans un fracas genre Terminator.

M. Biechlin Alors, ça c'est le stockage dit I-4, sur le lequel il reste mille tonnes d'ammonitrates, que vous voyez sous le tas de bois et de ferailles là-bas. Il a fallu d'abord sécuriser les accès : tout c'était...il y avait du béton des ferailles qui pendaient de partout. Là vous voyez les gens qui enlèvent le fibrociment et qui sécurisent, et qui sont entrain de...d'enlever toutes les toîtures résiduelles en fibro.

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Les ouvriers sont en combinaison jetable et pourvus de masques à poussière. Ils travaillent avec méthode au milieu d'une aire d'une trentaine de mètres carrés bornée par un ruban plastique. En face, une dixaine de véhicules hors d'usage témoignent de la force du souffle et des retombées de débris dans cette zone.

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M. Biechlin Alors là vous voyez quelques voitures en bon état...

Nous discutons devant le bâtiment I-4. Madame Frayssinet, inquiète au sujet des mille tonnes d'ammonitrates qui y sont stockées, questionne le Directeur du Site quant à ses intentions à l'égard du traitement de ces produits, notamment sur un risque de surchauffe de ceux-ci.

Mme Frayssinet Est-ce que vous allez le mouiller ? (ndt-le tas de nitrate)

M. Biechlin Je ne peux pas vous répondre, ça fait trente ans qu'on travaille sur ces matériels ; on a fait courir les pires horreurs, il s'est passé quelque chose...

J-P.Bataille La caméra thermique...?

M. Biechlin Et même si ça...imaginez que la température monte, ça va se mettre à décomposer, je cause pas vous...avant qu'il n'y ait le moindre danger, tout Toulouse sera évacuée ! Bon, effectivement, on surveille; Mais, en temps normal des tas comme ça, je vais vous dire il y en a un million de tonnes, en France, que personne ne surveille.Chaque paysan a cent tonnes dans son hangar...

J-P.Bataille Mais pas aussi abimées...

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M. Biechlin Bon, d'accord. Dans la psychose, c'est ce qu'on fait : on surveille et caetera ; on fait ce qu'il faut on surveille en permanence, on va évacuer le plus qu'on peut. On comprend parfaitement ça. Vous comprendrez aussi la position du personnel et qui me fait peur. Moi, j'ai peur que dans huit jours, les mecs ils se couchent sur le tas et disent: « tant que vous ne nous aurez pas dit ce qu'on devient, ils ne sortent pas d'ici. ». Qu'est-ce qu'on fait ? Parce que moi j'ai 460 gars qui travaillent ici ; j'en ai cent, extérieurs et qui sont des toulousains de souche (ndt-mdr) et qui disent: « Actuellement, on est entrain de dire que notre emploi disparaît ; on a pris un coup sur la gueule ; on nous a tués ; on nous a tué l'usine ; on nous diabolisés ; on a donné les deux-tiers des morts, et tout le monde est traumatisé à vie; et maintenant vous voulez nous dire, ah ben ciao les gars, allez travailler ailleurs », ben vous allez voir comment ça va réagir d'ici quinze jours.

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M. Barrafort Pour information d'ailleurs, sur la manière de traiter I-4 on a des nouveaux experts de NITROCHIMIE-EXCHEM qui sont venus ; parce que vous avez vu il y a du bois qui est sur le tas, et il y a une croute. A lors le bois, les experts ont dit...

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M. Biechlin (l'interrompant) On ne eut pas le brûler comme ça, il faut le laver. C'est des, c'est les nitrates je suppose...

M. Barrafort Non, non. Ils ont dit qu'il fallait le brûler !

M. Biechlin Faut le brûler quand-même ?


M. Barrafort Ils ont dit qu'il fallait le bruler sur place. Alors on va faire de la communication parce qu'on va prendre le bois et il contient...il faut le brûler sur place parce qu'il contient il est...

Mme Frayssinet Mais pas sur le tas, quand-même !

M. Barrafort Non, non par là. Ce qui veut dire qu'on va voir de la fumée monter. Donc il faut penser à la communication.

M. Savall Il y a la SEMVAT qui a brulé des papiers dans le quartier...et les personnes se sont inquiétées.

Ph.Masson Excusez-moi ; on voit des conduites dont les gaines ont été arrachées mais dont l'état d'oxydation donne à penser qu'il était antérieur...?

M. Biechlin Il y a des tas de choses qui se sont envolées sans autre forme de procès ; ce qui est étonnant c'est qu'il y a encore des tas de canalisations, mais tout a été...Là c'est une canalisation, je ne sais pas ce que c'est ; si elle est bleue c'est de l'eau. Euh entre ce bâtiment que vous avez là et la tour qui a été littéralement...Bon je vous propose, on avance... Bon ici vous arrivez ; ici c'était l'atelier de fabrication des ammonitrates et à partir de là vous arrivez à la zone dite de stockage ; donc vous voyez que le bâtiment dit entre-guillemets 221, vous en avez les fondations ici, le mur que vous avez les blocs, c'est des boûts du bâtiment 221

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Les blocs sont stockés à l'opposé de la voie, celle-ci a été dégagée. Ce sont des blocs de Béton plein a gros granulat de formes incertaines, dépourvus d'armature metallique apparemment, d'environ 25 centimètres d'épaisseur et de la taille approximative d'un sac de ciment. Leur aspect massif donne l'idée de la forte intensité de l'explosion.

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En face nous voyons le cylindre de la tour de granulation des ammonitrates, apparemment tombé perpendulairement à sa position d'origine, et non dans la direction du souffle de l'explosion.

Le commissaire de police chargé de l'enquête préliminaire nous accorde l'autorisation de pénétrer la zone sous sa responsabilité. Nous escaladons alors le bord du cratère.

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De forme éliptique, il semble occuper très précisément la zône où se trouvait le bâtiment 221. Derrière nous qui faisons dos à la rocade ouest, des ouvriers travaillent en contrebas à dégager des sacs éventrés et enterrés.

H. Farreny Alors, l'entraxe c'est par là ?

M. Biechlin Alors vous avez un axe qui passe là et l'autre et donc vous avez là EDF, que vous avez derrière ; il y a eu un mort ; Darty, que vous avez juste avant, il n'y a pas eu de mort mais Speedy juste en face deux morts. Donc en fait ils avaient eu 25 des trente morts quasiment à...trois cents mètres à la ronde. Et un gardien qui est décédé à SNPE de l'autre côté.

Ph. Masson Excusez-moi. Qu'est-ce qu'ils font là-bas ?

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M. Biechlin Alors voilà ça maintenant, le cratère a envoyé de la terre par dessus notre stock dit zéro. Là on avait tous nous stocks de produits finis. Vous avez encore des sacs qui traînent. Et le problème que nous avions, c'était qu'il y avait un certain nombre de sacs qui était recouverts. Alors oui aussi pour votre information : voilà l'état des sols. Maintenant qu'on a enlevé les terres, voilà ce que sont les sols normaux de ce bâtiment.

M. Savall Les deux cents tonnes qui ont été recouvertes c'est ?

M. Biechlin C'est là. Vous en voyez ce qui reste là. Vous en voyez ce qui reste là-bas mais enfin on a quasiment terminé l'opération ; ça c'est les nitrates industriels, et ça c'était le tas qui avait été enterré et qui nous posait un problème parce que ce n'était pas une situation...euh...commune. On est, on est au boût.

Ph. Masson Sinon c'est quoi cet amas vert, là ?

M. Biechlin Ça c'est les, c'est les maga... c'est les ateliers de conditionnement parce que évidemment vous faites du nitrate en vrac ; pour faire des sacs vous êtes obligé d'avoir du conditionnement. Ça c'était la galerie qui amenait les produits vrac vers le produit de conditionnement; donc c'était une galerie avec une bande transporteuse que vous voyez encore là traîner misérablement par l'emboût.

H. Farreny Le diamètre (du cratère -ndt) ?

M. Biechlin Cinquante mètres sur vingt / vingt-cinq ; la profondeur si vous regardez parce que ça fait un remblai par dessus ça fait sept / huit mètres. Alors la difficulté qu'on a eu c'est que la CRAM nous a dit d'abord « pas d'interimaire » ; après les gars ont dit « ben nous on veut une prime », après on a eu « ben, pas de travail avec les engins », enfin bon on a passé...il a fallu sécuriser d'abord. Au début c'était à la pelle inox et à la petite cuiller ; vous auriez vu ça, on sortait un sac tous les quart d'heures ; Bon après de l'autre côté on n'y va pas parce que vous voyez en passant sur l'autoroute les montagnes de sacs.Ce que je vous propose, euh, alors on va simplement regarder sinon on va perdre trop de temps. Les bâtiments I-7 , I-7bis et 1 c'est les bâtiments qui sont là-bas on les voit; Dans ces bâtiments il y a encore des produits conditionnés sous les tonnes de béton parce que vous avez trois arches qui ne sont pas tombées, toutes les autres sont tombées. Alors il y a en tout cent-quatre-vingt tonnes de nitrates industriels, tout le reste ce sont des ammonitrates. Mais il y a encore cent quatre-vingt tonnes de...de produits conditionnés qui sont encore noyés sous des amas de béton...Il faudra du temps parce qu'il faut d'abord que le béton soit broyé.

On a deux problèmes : d'abord arriver à accéder ; il faut d'abord qu'il y ait des engins qui coupent (ndt - les armatures) - mais vous voyez on est vendredi et ils ont largement fait leur temps, leurs soixante heures de travail ; des engins coupent là, même des fers comme ça des fers en « h » avec des engins ils vous coupent comme une, comme au, comme aux ciseaux.

Parce que ; il faut bien qu'on enlève d'abord cette partie pour accéder aux sacs. Donc la première chose, si vous avez le souvenir de comment c'était il y a cinq semaines ; il avait des enchevêtrements phénoménaux de ferrailles partout... Donc maintenant dans la semaine, dans les semaines qui viennent, on va accéder au tas. Alors il faut, prendre les sacs, les vider, les reconditionner et les envoyer dans une usine qui va les détruire ; en fait si j'ai bien compris à la drire on se souhaite pas que les (?)passent. Mais c'est un travail de romains, un travail manuel...

M-R Frayssinet Quand vous avez dit au SPPPI dans votre rapport, tous les rejets que vous opériez dans les égoûts...

M. Biechlin Alors tous les tous les produits conditionnés en bon état vont être reconditionnés...donc là vous avez des nitrates, ce, ce, donc ce produit solide qui contient des nitrates, il est stocké de l'autre côté du bâtiment et il est rincé au fur et à mesure, donc il y a effectivement des nitrates, toute la partie que vous voyez-là de cet engin qui va partir à la Garonne... Donc c'est surveillé, il y a aucun risque.

M-R Frayssinet Vous dépasseriez une autorisation de la Drire en rejetant 2,5 tonnes...

M. Biechlin Attendez nous on négocie avec eux, ils sont d'une rigueur absolue; tous les jours on leur remet un rapport et tous les jours on est en contact permanent avec l'administration qui nous dit « vous pouvez faire ça, vous pouvez pas faire ».

M-R Frayssinet Et vous pensez que quand ça apparaît dans les analyses de l'eau de la Garonne, c'est pas de la pollution, c'est du « rinçage » ?

M. Biechlin Attendez Madame, vous avez vu dans quel état on est ? Donc ce qu'il y a, c'est que si on laisse les nitrates dans le sol, peu à peu ça va dans la nappe phréatique...donc on a des piezzo, on en a un là-bas au nord parce que le sens de la nappe...il est pas clair. On a un aqueduc qui traverse l'usine comme ça en diagonale en sous-sol, donc la nappe elle va, là, vers la garonne et de l'autre côté elle part, heu, on ne sait pas où... Donc ça c'est des études qu'ont été faites de sol, et caetera, qui existent et donc on sait exactement comment ça se passe. Donc on est entrain de suivre le piezzo qui est là et il est de nouveau normal et on est entrain de baisser parce que ben voyez qu'est en boût. Et tous les rejets en Garonne, il y a cinq caniveaux qui vont « rejet en Garonne », donc, ils sont surveillés ; on regarde à quels niveaux on est largement au-dessous des arrêtés préfectoraux...


M-R Frayssinet Et si vous dépassez le tonnage autorisé, qu'est-ce que vous faites ?...

M. Biechlin Eh ben on voit avec la Drire.

M-R Frayssinet Parce que vous n'avez pas de lieu de stockage, vous n'avez pas de bassin de rétention...

M. Biechlin Non mais pendant fort longtemps on balançait vingt-trois-mille mètres cubes d'eau à l'heure, maintenant on en balance à tout casser mille, donc que si...ce qui peut y arriver c'est que la concentration soit élevée mais les quantités totales qu'on renvoie en Garonne c'est très très loin de ce qu'on rejetait en fonctionnement normal.

H. Farreny Vous avez parlé de vos problèmes de main-d'oeuvre mais vous n'avez pas des personnels de vos usines ou d'ailleurs qui viennent vous aider ?

M. Biechlin Si, on n'a que des spécialistes mais des manutentionnaires dans notre groupe il n'y en a pas. Or ce qu'on a besoin c'est de manutentionnaires. Donc on a fait appel aux sociétés d'intérim qui nous ont dit « ah, mais c'est dangereux chez vous, pas d'interrimaires. » Donc c'est des gars de chez moi qui sont là ; c'est des gars qui étaient dans ces ateliers, enfin des spécialistes d'informatique, vous les voyez entrain de soulever les tas. Mais je peux vous dire qu'il vaut mieux pas trop aller se promener discuter avec eux.

H. Farreny Ah oui.

M. Biechlin En plus, je vous dirai que je n'ai même pas le droit de le faire parce que normalement pour qu'un opérateurde fabrication fasse du conditionnement il faut d'abord que j'aie une visite médicale du médecin du travail qui le déclare apte à cette fonction.

Nous retraversons l'usine pour aller vers sa partie Sud où le Directeur espérant conférer à cette visite une ressemblance aux visites d'entreprises conventionnelles, tient à ce que nous voyions le département de fabrication de l'Ammoniac. Nous arrivons à l'esplanade centrale. M. Gelber décrit les fonctions de différents réservoirs.

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Ph Masson C'est quoi ce silo là ?

J-C Gelbert Ça ici c'est du CO2. C'était une de nos sous-productions, du CO2 liquide qu'on vendait je dirais à Coca-Cola...c'est une sous-production.

Ph Masson Et l'urée elle vous sert à quoi ?

J-C Gelbert Alors l'urée, il y a une grande partie de l'urée qui sert d'engrais directement, donc qui est l'urée qui était granulée dans la tour qui était donc l'urée agricole. Et puis une partie servait de matière première à la fabrication de mélamine, d'acide cyanurique et de résines urée-formol.

Ph Masson Et pour la mélamine, vous avez évacué tout ce qui restait ?

J-C Gelbert Alors la mélamine n'est pas un produit dangereux alors on va l'évacuer petit à petit. La mélamine elle-même n'est pas un produit dangereux. Donc ça va être évacué mais je veux dire c'est pas la priorité.

J-P Bataille On voit l'onde là-bas, comme ça...

J-C Gelbert Oui tout ce qui était bureaux ou bardages ont pris mais les installations dans cette zone ont peu souffert.

Ph Masson Le tuyau bleu là c'est toujours un tuyau d'eau ?qui est tout oxydé ?

J-C Gelbert Je ne peux pas vous dire. Je ne suis pas capable de vous dire si il est en service ou pas mais celui-là n'a pas souffert.

Ph Masson Mais il est craignos quand-même.

J-C Gelbert C'est peut-être de l'eau ou quelque chose comme ça.

Madame Cambou nous rejoint sous notre tuyau. Bruits. M. Gelbert n'est pas dutout content de comprendre que c'est un dictaphone que je lui tend depuis quelques minutes.

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Nous marchons à la rencontre d'autres personnes qui nous attendent, à quelques mètres de l'entrée de l'atelier d'ammoniac.

M. Biechlin Pour vous permettre de comprendre comment ça marche, on a donc, on va choisir un atelier c'est l'atelier d'ammoniac qu'on va vous faire visiter complètement ; c'est donc un des ateliers « d'entrée de l'usine », c'est à dire, puisqu'en fait le gaz naturel arrive dans cet atelier et c'est là que le gaz naturel est transformé en ammoniac ; enfin on utilise l'azote de l'air, l'hydrogène du gaz naturel...bon très vite, on va passer en salle de contrôle qui elle est encore relativement esquintée parce qu'il y a des verres qui ont cassé ; et après je vais vous faire une proposition : on va visiter l'usine; comme ça vous voyez ce qu'est une usine de fabrication d'ammoniac. Alors celui qui va vous le faire faire, c'est le chef de service. Donc heu...des représentants du SPPPi...

Chef de Service NH3 ...ouais.

M. Biechlin Ben je te propose de leur faire visiter et de répondre à leurs questions ; alors bien sûr évidemment pas des chiffres ; c'est des gens, je dirais, il y a peut-être quelques têtes euh, comme dirais-je, musclées mais c'est pas le but. Le but c'est de leur montrer comment ça marche.

Chef de Service NH3 Ben on va commencer par la salle de contrôle, hein ?

Nous le suivons pour pénétrer dans le bâtiment. Un sifflement permanent, comme celui que ferait la soupape d'une cocotte minute géante, nous accompagnera durant toute la partie en extérieurs de la visite de cette section. Dans la salle de contrôle, des opérateurs en bleu de travail occupent les postes pourvus de consoles et dont les écrans ne nous sont pas visibles, enfoncés dans un comptoir qui nous en sépare. Une radio en fond diffuse un tube bien connu d'Alan Stivell. Ils ont l'air de s'ennuyer ferme.

Chef de Service NH4 Bon ça c'est notre salle de contrôle enfin ce qu'il en reste, parce que ce qu'il en reste c'est l'essentiel. Là il y a le bureau des Chefs de Quart, qui a été détruit parce que le souffle a détruit la cloison donc on a remonté le bureau des Chefs de quart ici, maintenant. Et puis là on avait un local technique qui permettait de faire des travaux aux instrumentistes qui lui aussi a été reporté par ailleurs ; donc finalement la salle de contrôle a été touchée côté ouverture, côté bureaux et chefs de quart mais n'a pas dutout été touchée au niveau des postes de commande. D'ailleurs la disposition des consoles les abrité des éclats de verre qui ont été projetés dans le poste de commande. Donc au niveau de la, de la conduite de l'unité, vous avez ici un système dit « centralisé », c'est un système Honeywell ST 3000 - Siemens ; donc tout étant centralisé ici on a en permanence deux opérateurs qui s'occupent de l'ensemble de l'unité avec ces écrans qui sont ici. Alors ces écrans pour voir vous avez une console de contrôle ici qui est exactement la même que celles qui sont là-bas derrière ; une console dite « de chef de quart ou ingénieur » qui permet aux gens de venir s'informer de ce qui se passe, sans toutefois pouvoir agir sur l'unité ; c'est vraiment qu'une console de...de consultation. Cette partie là qui est la partie « contrôle » est inactivée. Donc ce que vous voyez c'est un système synoptique, une arborescence synoptique qui permet de suivre tous les paramètres de l'unité. Donc vous voyez qu'en ce moment tout est en rouge, ça veut dire c'est quasiment qu'en ce moment tout est à l'arrêt ; euh, on suit quand même certains paramètres de pression et d'évolution de la température au niveau des refroidissements de ce qui reste. Sinon les appareils sont maintenant, cette unité est totalement à l'arrêt ;


Chef de Service NH3 Les appareils sont sous azote ; l'ensemble de l'unité est sous azote, on n'a plus dutout d'ammoniac sur l'unité. Et ce que l'on fait tourner, c'est uniquement les graissages des machines de façon à éviter l'oxydation. Et c'est tout ce qui tourne à l'heure actuelle, de temps en temps, une fois par semaine on fait tourner pour éviter que les arbres prennent des flèches ; allez-y si vous voulez poser des questions, je vous en prie...

Ph Masson Est-ce que c'est une installation en doublon de celle que vous aviez de l'autre côté ?

Chef de Service NH3 Ça n'a rien à voir. C'est vraiment l'unité de fabrication d'ammoniac ; l'ammoniac étant la base des produits qui se fabriquent par ailleurs. Avec l'ammoniac, une partie était utilisée pour fabriquer l'urée juste à côté ; donc on va dire que soixante pour cent, soixante-cinq pour cent de l'ammoniac qu'on produit ici était utilisé sur l'unité d'urée ; et derrière vous avez l'acide nitrique, avec lequel vous prenez environ trente pour cent de l'ammoniac, pour fabriquer de l'acide nitrique ; et il y avait également une partie de l'ammonic qui partait aux nitrates, pour fabriquer directement des nitrates. Ça ça représentait environ trente à trente-cinq pour cent des ammonites.

Ph Masson Et l'ensemble des ateliers est commandé par le même type de système Honneywell ?

Chef de Service NH3 Pas l'ensemble. Ici c'est un système Honeywell, à l'urée c'est un système Honneywell ; on avait un système Honeywell sur les acides nitriques aussi; euh sur ACD c'est pas un système Honneywell c'est un système, je ne me rappelle plus c'est du contrôle Bayley, je crois. C'est le même type de conception, le même type de système de contrôle. Donc si vous allez à l'ACD vous n'allez pas voir exactement le même type de graphique parce que c'est pas le même fournisseur.

Ph Masson Et sur la tour de granulation c'était quel type de système ?

Chef de Service NH3 Sur la tour de granulation je pense que c'était un système Honeywell.

Ph Masson Parce que le Directeur de l'usine nous expliqué hier qu'il y avait deux types de capteurs, en cas de montée de température à l'intérieur de la tour...

Chef de Service NH3 Si vous me parlez de ce qui se passe là-bas au boût je ne serais pas capable de vous répondre.

J. Badaroux C'est une sécurité propre à l'appareil, il y a une alarme haute une alarme très haute c'est une sécurité.

Chef de Service NH3 Oui, oui, ça c'est le principe...

Ph Masson Cette sécurité apparaissaît et c'est à partir de ce système qu'on pouvait activer les mesures...

Chef de Service NH3 Il y a plusieurs niveaux. Il y a une différence entre « alarme » et « sécurité ». L'alarme, on a plusieurs niveaux d'alarme, et l'alarme est une partie où l'opérateur réagit. Donc on a des alarmes, des klaxons à certains niveaux de paramètre qui se déclenchent, c'est à dire que le paramètre est toujours maîtrisé.

Ph Masson D'accord.

Chef de Service NH3 Il est toujours maîtrisable. Là l'opérateur réagit. Par contre si l'on rentre dans la « sécurité » c'est à dire si l'on rentre dans une plage qui est en dehors d'une maîtrise, à ce moment là c'est un automate qui réagit, et c'est pas l'opérateur qui réagit c'est une sécurité qui se met en place, faite directement par l'automate.

Ph Masson Mais un automate qui est quand-même intégré...

Chef de Service NH3 ...Un automate qui est séparé. C'est un système séparé. C'est un système qui est maître par rapport à celui-là

Il montre les consoles de contrôle par opérateur.

Ph Masson D'accord.

Chef de Service NH4 Et c'est un système qui n'est pas dutout géré par l'homme, c'est un système qui est vraiment un système de sécurité. De toute façon tous les systèmes de sécurité sont comme ça.

H. Farreny À déclenchement multiple ?

Chef de Service NH3 Oui bien sûr c'est un tri-connecte, c'est des systèmes qui ont trois...

Ph Masson Qui ont trois quoi ?

Chef de Service NH3 Qui ont trois possibilités, c'est à dire que même si ils tombent en panne, il y a toujours trois valeurs, et et, il en prend deux sur trois. Voyez si il y a un capteur, si il y a un problème sur une valeur, on a trois mesures, et on a toujours deux qui fonctionnent et même si une ne fonctionne pas l'automate réagit.

Ph Masson Mais pour déclencher quoi ? Pour déclencher une réponse ?

Chef de Service NH3 Pour déclencher une sécurité. Pour déclencher le processus de sécurité.

Ph Masson Si, si par exemple, bon c'est théorique, hein, si l'erreur est au niveau du processus de déclenchement de la sécurité, et non au niveau de l'alarme, à ce moment là ce que vous êtes entrain de nous dire c'est qu'il n'y a qu'un type de déclenchement ?

Chef de Service NH3 Non, le type de déclenchement c'est l'automate. A partir de là si c'est l'automate, l'automate lui fonctionne en permanence. Si il ne fonctionne pas, on est avertis qu'il y a un problème de fonctionnement de l'automate.

Ph Masson Vous dites qu'il y a plusieurs niveaux d'alarme, et quand l'automate est informé d'un dysfonctionnement, il réagit.

Chef de Service NH3 Oui.

Ph Masson Est-ce qu'il a plusieurs niveaux de réaction ?

Chef de Service NH3 Non, il y a une seul niveau de réaction. C'est la mise en sécurité. Alors là c'est la fermeture de vanne, c'est et caetera et caetera...

Ph Masson Donc il n'y a pas de mesure pour pallier à une défaillance à ce niveau dit « de réaction » ?

Chef de Service NH3 Un auto-contrôle de l'automate. C'est à dire que l'automate nous dit si il est en état de réagir ou pas.

Ph Masson Mais il n'est pas secondé ?

Chef de Service NH3 Mais vous allez où comme ça ? Vous allez seconder combien de fois ?

Ph Masson Ben on l'est à la détection donc à la réaction il serait un peu logique que ce soit la même chose.

M-R Frayssinet En fait pour l'instant vous êtes en contrôle continu d'un système qui ne fonctionne pas, qui est réactif éventuellement mais qui pourrait refonctionner ?

Chef de Service NH3 Refonctionner oui et non. Des parties pourraient refonctionner, mais il y a des parties qui ont été abimées et qu'il faudrait réparer pour refonctionner.

M-R Frayssinet Et si vous les maintenez, c'est pour pas qu'elles s'abiment ?

Chef de Service NH3 On maintient les circuits en huile pour éviter qu'elle soient abimées par la rouille.

Ph Masson Donc si intervenait une décision de fermeture définitive, vous arrêteriez ces procédures pour engager un autre type de processus ?

Chef de Service NH3 Ben il faudrait à ce moment là démonter. Du moment qu'on démonte l' appareil à ce moment là il n'y a plus de raison de le protéger. A ce moment là on les démonte soit pour les revendre soit pour les remonter ailleurs...je ne sais pas ce qui sera décidé.

A. Savall Une des premières machines installées sur ce site venait d'Allemagne ?

Chef de Service NH3 Oui. C'est pas inconcevable que ce système soit démonté pour être revendu. Dans le milieu industriel il y a des unités qui se revendent.

Ph Masson Et ce système de sécurité, il date de quand ?

Chef de Service NH3 Le premier système Honeywell qui a été mis en place à l'unité d'ammoniac date des années, euh c'est en 1985 ; ça c'était pas la sécurité, c'était le système de contrôle centralisé. Le système de sécurité il date depuis que l'unité existe. Il y a toujours eu des systèmes de sécurité.

Ph Masson Depuis que l'unité existe c'est-à-dire ?

Chef de Service NH3 Depuis les années 70.

Ph Masson Vous voulez dire que les automates chargés de réagir à une situation disons, à un incident, datent des années 70 ?

Chef de Service NH3 Je pense que oui ça existait déjà. Je ne suis pas capable de vous dire, je n'étais pas là mais je pense.



A. Savall Est-ce que vous contrôlez aussi d'ici le vaporé-format, le gaz de synthèse là ?

Chef de Service NH3 Là-dessus on contrôle l'ensemble de l'unité. Vous avez la partie « cracking », ici, et la partie « synthèse ». Vous avez également la partie « utilités », parce qu'ici la partie ammoniac s'occupe aussi de tout ce qui est pompage de l'eau en Garonne, distribution de l'eau sur l'ensemble du site, fabrication de l'électricité ; vous avez également le circuit de gaz naturel et également l'ensemble des réseaux vapeur, plus l'eau potable.

A. Savall Et l'urée ?

Chef de Service NH3 L'urée c'est à part.

Ph Masson Est-ce qu'il existe une connexion entre ce système de détection et l'extérieur, au niveau internet ?

Chef de Service NH3 Ah non. Il y a une interconnexion à l'intérieur du site, c'est à dire que s'il y avait un problème sur une salle de contrôle on peut piloter ou arrêter à partir de la salle de contrôle de l'urée par exemple. Il n'y a pas de liaison avec l'extérieur pour prévenir le piratage.

Monsieur Savall nous invite à poursuivre par la visite de l'unité d'Ammoniac proprement dite. Nous ressortons à la partie Sud du bâtiment.

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Chef de Service NH3 Pour les systèmes de sécurité il faudrait demander des renseignements à M. Paluel, du service TIC. Nos dégâts ici se limitent à des problèmes de bardages. On a quasiment rien sur l'unité à part quelques tyaux, qui ont reçu des projectiles et ont été déformés ; il y en a deux ou trois sur l'unité. Et on a eu un projectile qui est tombé dans la salle des machines et qui a déclenché un feu sur le corps MT du compresseur de synthèse, en sectionnant le tuyau.

J-P Bataille On l'a échappé belle là aussi !

Chef de Service NH3 Ben oui et non, non parce qu'il n'y a pas grand chose ; c'est les fuites ; et quand le flux s'arrête

H. Farreny La fuite s'est produite à environ quelle pression ?

Chef de Service NH3 Environ cent-dix grammes. L'unité s'est arrêtée vraiment en sécurité ; il n'y a eu aucun problème au niveau « automates ». Tout s'est fermé. Tous s'est bloqué.On est restés après...

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A. Savall ...tout s'est arrêté parce qu'il manquait l'électricité...

Chef de Service NH3 Tout s'est arrêté parce qu' il y a eu des détections, alors il y eu tellement de trucs qu'on n'est pas parvenus à connaître précisément l'origine du déclenchement du processus. Mais le déclenchement a été un déclenchement total, parce qu'évitemment le système permet de déclencher partiellement mais là il y a eu déclenchement total, et le déclenchement total s'est fait normalement c'est à dire que tout s'est bloqué. Toutes les vannes ont réagi correctement, il n'y a pas eu de tuyauterie percée donc, il n'y a rien eu donc, tout a réagi correctement ; le seul endroit où on a eu un petit incident c'est la partie TCS, puisque sur le TCS on a eu un projectile qui nous sectionné une tuyauterie d'huile, qui a pris feu ; donc on est intervenus dans la demi-heure qui a suivie, de façon à d'abord mettre en sécurité au niveau de la machine, avant que des gens interviennent dessus. Parce qu'on risquait effectivement le sur-accident. Il pouvait éventuellement y avoir une projection de gaz ou d'huile, le temps qu'on dé-comprime...

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M-R Frayssinet Qu'est-ce qui circule dans ce circuit en ce moment ?

Chef de Service NH3 De l'Azote. Tout est sous azote. C'est pour éviter justement que de l'oxygène entre dans les appareils et entrâine une oxydation.



Ph Masson Et là il y a du Méthane ? Il y a marqué « réchauffeur gaz, méthanation » ?

Chef de Service NH3 En cas normal oui. Mais là tout a été vidé et tout est sous azote. En cas normal vous avez plein d'ammoniac ici dedans, tous les tuyaux rouges sont des tuyaux qui contiennent de l'hydrogène, en partie ou en totalité, tous les tuyaux bleus c'est de l'eau, tous les tuyaux blancs, ce sont des tuyaux qui contiennent de l'ammoniac, les tuyaux bleus clairs sont des tuyaux qui contiennent de l'eau déminéralisée, vous avez les tuyaux verts qui contiennent de l'azote, et les tuyaux gris qui contiennent de l'air comprimé. Tu les tuyaux sont repérés et les tuyaux roses que vous voyez là ce sont des tuyaux qui contiennent de la lessive mono-éthanol-amine qui nous permet de faire le lavage du CO2. Donc vous avez un tas de produits et d'une manière générale ces unités fonctionnent avec un tas de produits dedans avec une ébulition, même du gaz. Et là maintenant tout est inerté à l'azote.

Ph Masson Et ces tours, ce sont des tours de rafinage ?

Chef de Service NH3 C'est des tours de lavage, ça, d'absorbtion. C'est à dire qu'on envoie un liquide, que l'on appelle lessive, en tête de la colonne ; on envoie un gaz en pied, et on a une partie du gaz qui est absorbée par la lessive. Là il y a dissolution et régénération de la lessive. Dans la première on enlève le CO2 du gaz, la lessive se charge en CO2, et dans la deuxième on fait une détente un réchauffage de la lessive et donc on a le CO2 qui désorbe et en part ça part par tuyau vers l'unité d'urée. Parce que pour faire de l'urée il faut de l'ammoniac -ce qu'on fabrique - et également du CO2.

Ph Masson Et à quel niveau vous avez besoin de la vapeur ?

Chef de Service NH3 On a besoin de la vapeur pour tout ce qui est turbines ; ça ce sont des pompes alimentaires, des turbo-pompes qui nous permettent d'alimenter l'eau des chaudières, à cent-quatre-vingt bars ; on a les turbine aussi des machines qui sont alimentées par de la vapeur; et la vapeur nous sert à deux choses : comme force motrice, et une fois qu'elle est détendue comme réchauffeur.

Ph Masson Il n'y a aucun mélange alors avec les composés qui circulent dans les tuyauteries ?

Chef de Service NH3 Il y a des mélanges quand on en a besoin pour le procédé. Le cracking, le procédé de fabrication de l'ammoniac, nécessite de fabriquer de l'hydrogène. Puisque l'ammoniac c'est de l'azote et de l'hydrogène ; donc on a de l'azote qu'on retire de l'air c'est facile. L'hydrogène il faut le fabriquer à partir d'un composé hydrogéné, donc en général c'est des hydrocarbures, et là on prend le gaz naturel tout simplement et on le cracke. Donc pour le cracker le gaz naturel il faut mélanger du CH4 et de l'eau à forte température, soit un catalyseur spécifique, et vous faites CH4 plus eau fait de l'hydrogène plus du CO2. On fait donc un mélange de vapeur d'eau et de gaz au début.

Ph Masson Mais tout ça c'est fait dans des conduites en quoi ?

Chef de Service NH3 C'est de la conduite en acier. Ça peut être soit de l'acier normal quand ce sont des produits qui ne sont pas corrosifs, de l'acier réfractaire quand il doit être soumis à de fortes températures, ou de l'inox quand on a des produits corrosifs.

Ph Masson Il y a-t-il des procédures de rotation automatique pour le renouvellement de ces conduites ?

Chef de Service NH3 Non. Il y a une fréquence d'inspections. On a un plan d'inspection. Et tous les cinq ans, il y a un plan d'inspection complet de l'unité, puisqu'on fait un grand arrêt complet de l'unité tous les cinq ans ; et ce plan d'inspection permet de déterminer ce qu'il faut changer. Donc on a des plans de changements, hein, on a des plans de changement des tuyauteries, des catalyseurs, de parties d'appareils et caetera et caetera. Donc ça c'est programmé et c'est suivi par notre service « inspection », qui est un service qui est reconnu par la Drire. De toute façon c'est très réglementaire tout ça.

Ph Masson Ces technologies évoluent. Il doit y avoir des modification fréquentes dans ces fabrications ?

Chef de Service NH3 Il y a une évolution. On va dire que sur une unité comme ça, en service depuis 70, elle a évolué. Donc il y a une évolution par parties ; notamment les tubes de four primaire. On a des tubes là-dedans qui sont soumis à des contraintes de température, de friction, etc. On les change toutes les x années ; et évidemment les technologies évoluent sur la fabrication de ces tubes. Même dans la composition, il y a des améliorations. Les catalyseurs qui sont employés sur cette unité sont en perpétuelle évolution. Tous les cinq ans quand on change on a toujours une petite amélioration.

Ph Masson Il n'y a jamais eu véritablement de révolution fondammentale de ces technologies ?

Chef de Service NH3 Rien qui remette en cause l'unité en tant que telle non. La grande évolution qu'il y a eu c'est sur les catalyseurs.

A. Savall Cet élément rouge, c'est quoi exactement ?

Chef de Service NH3 Ça c'est la pompe de recirculation de la synthèse. C'est une pompe-compresseur qui nous permet de faire circuler dans la synthèse, quand on démarre la réaction ou quand on l'arrête. C'est un compresseur noyé.

Ph Masson C'est de l'hydrogène qui circule là-dedans ?

Chef de Service NH3 Là c'est le gaz hydrogène qui circule là-dedans quand on est en démarrage. Maintenant qu'on est en arrêt on y a fait passer de l'azote.

Ph Masson Et les wagons qui sont là ils sont vides ?

Chef de Service NH3 Alors les wagons qui sont de ce côté sont vides. On a le poste de chargement là-bas au boût.

A. Savall On les charge en ammoniac, là ?

Chef de Service NH3 Oui.

Ph Masson C'est ça qui dégaze, là.

Chef de Service NH3 Et oui puisqu'on évacue tout l'ammoniac du site.

A. Savall Vous le chargez liquide ?

Chef de Service NH3 Bien sûr.

A. Savall J'avais cru qu'une partie de l'ammoniac liquide allait être retransformé sous forme gazeuse.

J. Badaroux Non, non c'est liquide.

Chef de Service NH3 Au contraire on essaie de faire le moins de gazeux possible pour ne pas avoir à dégazer.

A. Savall Et au fond de la cuve d'ammoniac liquide il va rester toujours un petit peu d'ammoniac ?

Chef de Service NH3 On a fait venir une pompe spécifique d'un autre site, et lorsqu'on sera arrivés suffisament bas, et que celle-là désamorcera, on a de nouvelles pompes pour tirer vraiment la dernière partie de l'ammoniac.

A. Savall Et à la fin, quand il ne restera plus dutout de liquide, il restera quand même cinq-milles mètres cube de gaz ; comment allez-vous vous y prendre ?

Chef de Service NH3 Tout à fait. Alors on a une procédurequi est mise au point. Là il faut voir avec les gars parce qu'ils ont, ils ont, euh, ...ils ont imaginé. Donc il y a une procédure de poussée à l'azote de cet ammoniac et de l'enoyer vers, euh...soit un abattage à l'eau, pour en faire de l'alcali ;

A. Savall Là vous utilisez les tours d'absorbtion que vous avez.

Chef de Service NH3 Soit des tuyauteries qui sont un peu plus sophystiquées que celles qui sont en place, de façon de pratiquer un abattage qui permette d'éviter que tout l'ammoniac sorte ; soit s'il y a un problème au niveau abattage ou quoique ce soit je crois qu'il est même étudié de carrément mettre une torche...

A. Barrafort Mais on n'a pas les procédures, hein.

Chef de Service NH3 ...avec du propane.

A. Savall C'est de la gymnastique, ça. Ah, avec du propane. Parce que l'ammoniac c'est capricieux. Vous amènerez juste un petit filet d'ammoniac dans la torche. Et elle existe la torche ?

Chef de Service NH3 La torche existe. On l'a faite venir. Par contre on n'a pas encore fait de mesures, elle n'a pas encore été testée.

A. Savall Parce qu'à l'inertage, il va falloir de grandes quantités d'azote. Est-ce que vous avez toujours de l'azote ?

Chef de Service NH3 Bien sûr. Ça on en a de l'azote.


Nous faisons remarquer la curieuse juxtaposition de sacs et de bennes dans la partie visible de la section des Colles et Résines urées-formol qu'il ne nous est pas accordé de pouvoir inspecter. L'impression de loin donne à penser que sont stockés là des produits de natures, destinations et qualités très diverses. Notre hôte nous précise que ce n'est pas son domaine et qu'il ne peut donc pas nous éclaircir sur ce point. Au vu de l'heure nous retraversons le centre de contrôle pour rejoindre M. Biechlin qui nous attend sur l'esplanade devant. Après quelques propos revenant sur les situations du 21 septembre nous quittons le site. Il est environ 12 heures 15.

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Philippe Masson le 29-10-2001 pour la Commission "environnement et sécurité du site"
du collectif "plus jamais ça, ni ici ni ailleurs".



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